Un indien dans la ville

Le premier qui pleure a perdu est un roman empli d'optimisme, qui nous rappelle que nous sommes seuls maîtres de nos destinées et que nous avons le droit de choisir à quelle tribu nous voulons appartenir, sans que notre naissance nous prédestine à suivre un chemin en particulier.

Junior, un jeune indien de quatorze ans, vit dans une réserve aux Etats-Unis, avec toute sa famille.Très intelligent mais gringalet et affublé de plusieurs tares physiques (hydrocéphalie, problèmes d'élocution, strabisme...), il a l'habitude d'être le souffre-douleur des plus costauds. Heureusement, son ami Rowdy veille sur lui et le défend de la cruauté des autres enfants. Immergé dans une communauté régie par la pauvreté, la violence et l'alcoolisme ambiant, Junior refuse d'accepter la fatalité qui semble lui coller à la peau depuis la naissance; il en veut plus! C'est ainsi qu'un matin, à contre-courant, il décide d'intégrer une école plus prestigieuse que celle de la réserve, destinée habituellement aux enfants blancs. Par cette audace, il brise le schéma dans lequel sa famille entière semblait ancrée et rejette le destin qu'on avait dessiné pour lui. Ainsi catapulté dans une communauté qui l'exclut d'emblée, et haït par ses semblables qui ne voient plus en lui qu'un traître, Junior devra lutter pour trouver une place, la sienne. Au-delà des règles établies et des convenances, il aura à créer ses propres commandements, à la taille de la vie qu'il compte se forger.

Le premier qui pleure a perdu est un roman sensible et juste, mais également parsemé d'humour! Des thématiques très dures, comme le deuil d'un proche, sont évoquées, avec beaucoup de finesse et d'intelligence, mais une grande lucidité également. Le difficile quotidien de ce jeune adolescent n'est pas une seconde enjolivé ou sublimé, mais toujours, l'auteur parvient à nous transmettre l'espoir et la bonne humeur de ceux qui, alors qu'ils n'ont rien, aspirent à tout.

Un roman magnifique, souvent prescrit en lecture par les professeurs, et qui mérite vraiment qu'on lui accorde quelques heures. A lire dès quatorze ans.

J.

Le premier qui pleure a perdu, Sherman Alexie, Albin Michel, 16,25 euros.